L'ouverture au public du musée du Quai Branly a été très remarquée. Parmi les singularités de cet établissement, on aura surtout montré la façade végétale conçue par Patrick Blanc, dont les réalisations se sont ainsi trouvées sous les feux de la rampe. Le botaniste tropicaliste n'en était pourtant pas à son coup d'essai, loin s'en faut. Mais remontons aux sources.
C'est au cours de ses innombrables voyages au coeur des écosystèmes tropicaux que notre chercheur a pu observer des parois suintantes couvertes de végétation semblant défier les lois de la gravité. Ses connaissances remarquables lui ont permis de comprendre le système. Restait à le recréer en imitant la nature. C'est ainsi qu'à force d'essais, il réussit à l'égaler. La surpasser même ! Car, si en intérieur la chose était imaginable sur le papier, il n'en allait pas de même pour les parois extérieures. Recréer une falaise tropicale sous nos climats était alors une gageure... mais pas impossible pour Patrick Blanc ! La cité des sciences et de l'industrie accueillit ainsi en 1988 sa première réalisation visible au public, suivie ensuite par un mur végétal réalisé pour le parc floral de Paris en 1994. Celles-ci ne furent pas autant remarquées que le mur végétal du quai Branly, peut-être parce qu'il y manquait un geste architectural fort destiné à la mettre en scène. Les années qui suivirent furent l'objet d'un engouement croissant pour ses créations, puisqu'il compte maintenant à son actif des dizaines de murs végétaux.
Les murs végétaux de Patrick Blanc reposent sur une structure simple, mais qui a fait ses preuves : des panneaux couverts de nappe horticole, sur lesquels des végétaux sont fixés. Chaque réalisation est unique, non seulement par le dessin selon lequel les végétaux sont implantés, mais également par le choix des espèces et variétés que le botaniste a choisies. Ceux-ci représentent une palette d'une diversité inouïe ( il utilise jusqu'à 400 espèces pour une même réalisation ) et qui ne cesse de s'agrandir. On doit en effet à Patrick Blanc d'avoir introduit de fort intéressantes plantes en culture en Europe. Cet assortiment crée un foisonnement végétal sans égal et donne véritablement l'impression de faire face à un jardin vertical, lrsqu'on lève la tête pour en admirer l'étendue ! Ses réalisations ont hélas deux points faibles, auxquels Patrick Blanc ne peut pas grand-chose : le manque d'entretien de la part des propriétaires des murs végétaux dans certains cas et le vandalisme urbain. Mais c'est une caractéristique propre à tous les jardins, et pas seulement aux murs végétaux.
Cet emploi sans limite de la plasticité des végétaux a donc permis l'installation de murs végétaux dans de très nombreux lieux, pour le compte de collectivités, de bureaux ou de particuliers éclairés. Nombreux sont aussi les centres commerciaux et les entreprises ayant fait appel aux murs végétaux, les premiers pour apporter une touche de fraîcheur dans les galeries et les secondes pour affirmer leur lien avec la nature. D'abord métropolitaines, les réalisations de Patrick Blanc ont essaimé en dehors de l'Hexagone. Ses projets actuels, de grandes dimensions, s'orientent vers les grandes cités de l’Asie tropicale. Mais ce qui motive le plus notre botaniste tient à la végétalisation de lieux difficiles et qui, sans cette intervention, seraient dépourvus de toutes formes de vies observables. C'est ainsi que des lieux improbables, comme les parkings souterrains ou les dessous de ponts peuvent se voir d'un coup débordés par la végétation.
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